Les travailleurs étrangers temporaires (TET) jouent un rôle essentiel dans les usines qui les emploient, lesquelles, malheureusement, n’arrivent pas à embaucher suffisamment de travailleurs québécois – près de 12 000 postes étant toujours vacants dans le secteur.

Le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec doivent s’entendre et s’assurer de mettre en place une politique cohérente qui reconnaît leur contribution et qui leur donne les moyens de continuer à faire prospérer le Québec, a lancé le regroupement des manufacturiers du Québec.

Se mettre des bâtons dans nos propres roues, voilà comment se sentent les manufacturiers du Québec quand on parle des règles encadrant les travailleurs étrangers temporaires (TET). Le défi de main-d’œuvre préexistait au contexte économique actuel, mais c’est un défi pour lequel nous détenons les solutions.

Depuis les derniers mois, c’est une montagne russe d’émotions et d’incertitude que vivent les entreprises québécoises avec la mise en place de la nouvelle administration Trump aux États-Unis. Au cœur de l’économie québécoise, les manufacturiers sont demeurés au front face aux soubresauts des marchés et des chaînes d’approvisionnement. Cette résilience a ses limites et un coût.

Un récent sondage réalisé par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)1 dresse un portrait lucide, mais préoccupant, de la situation dans laquelle se retrouve le secteur de la fabrication : 56 % des entreprises sondées ont subi une réduction modérée à importante de leurs marges bénéficiaires. Parmi celles-ci, 50 % pensent être capables d’encaisser le coup, mais pour un an, tout au plus. Dépasser ce point de non-retour enclenche une série de contrecoups : mises à pied, reports d’investissement, déménagements des activités, voire, fermetures.

Pour les manufacturiers, le compte à rebours est lancé. Il faut s’assurer de leur donner les outils pour traverser cette période.

Les manufacturiers l’ont dit et répété : les TET jouent un rôle essentiel dans les usines qui les emploient, lesquelles, malheureusement, n’arrivent pas à embaucher suffisamment de travailleurs québécois – près de 12 000 postes étant toujours vacants dans le secteur. Ils contribuent à accroître la capacité de production essentielle pour répondre aux nombreuses ambitions du Québec. Ils participent activement à la régionalisation de l’immigration, en apprenant le français et en s’intégrant au milieu de vie.

La recette fonctionne. Les gouvernements en sont bien conscients et reconnaissent que leur apport au secteur manufacturier et à l’économie des régions du Québec est réel et concret.

Pourtant, une question cruciale demeure sans réponse : nos manufacturiers pourront-ils continuer à recourir à ces travailleurs selon leurs besoins réels ? Est-ce que les TET qui sont en emploi dans nos entreprises vont pouvoir rester ?

MEQ croit que l’exclusion du secteur manufacturier des seuils d’embauche de TET, annoncée l’automne dernier par les gouvernements québécois et canadien, est une solution pragmatique, qui fait écho à la réalité sur le terrain et est porteuse pour l’industrie et le développement économique régional.

Sans action immédiate pour garantir l’apport de ces travailleurs essentiels, c’est toute notre chaîne de production qui risque de s’effondrer. Il n’est pas trop tard pour agir, mais chaque jour qui passe fragilise davantage nos entreprises.

L’heure n’est plus à la réflexion, mais à l’action décisive. Pour cela, le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec doivent s’entendre. Maintenant que les élections fédérales sont terminées, le dossier devrait être prioritaire, notamment pour des gouvernements qui se disent économiques. Nos manufacturiers méritent mieux que l’incertitude. Ils méritent une politique cohérente qui reconnaît leur contribution inestimable et leur donne les moyens de continuer à faire prospérer le Québec.

1. Manufacturiers et Exportateurs du Québec. L’impact des droits de douane sur les entreprises manufacturières. 2025.