Lettres ouvertes
TGV Québec – Toronto – Unisson entre la voix des manufacturiers et l’approvisionnement local
28 février 2025
Contexte
Alors que les exportations québécoises pourraient être frappées par les nouveaux tarifs douaniers américains, le Canada annonce un projet d’infrastructure ferroviaire de plusieurs milliards de dollars. Cette synchronicité n’est pas qu’une coïncidence : c’est une occasion stratégique à saisir.
Le projet de train à grande vitesse (TGV) entre Québec et Toronto, nommé Alto, est sans contredit un des plus grands projets des prochaines décennies. Il était grand temps que le Canada se décide à se doter d’une telle infrastructure.
À lui seul, ce projet est prometteur pour assurer la fluidité du transport de passagers dans ce corridor. Surtout, il ouvre de nouvelles possibilités économiques tout au long du tracé en développement, rendues possible par la vitesse des déplacements.
Au-delà des gains en mobilité, ce projet représente un levier de développement économique en or pour soutenir le secteur manufacturier, que la menace imminente de tarifs douaniers américains frappe de plein fouet.
Le manufacturier au coeur de la tempête
Le secteur manufacturier, c’est LE secteur qui sera le plus affecté par les tarifs douaniers américains. Pourquoi ? C’est simple : ces entreprises réalisent chaque année 85 % des exportations québécoises. Et les trois quarts de celles-ci prennent la route des États-Unis.
Alors que plus de 500 000 personnes travaillent dans les quelque 13 000 entreprises manufacturières, toutes les solutions doivent être considérées pour maintenir un maximum d’emplois dans le secteur. Chaque contrat perdu affecte des familles et des communautés entières.
La construction d’une infrastructure comme un TGV nécessitera des produits variés : les pièces métalliques des rails, les produits électriques essentiels aux systèmes d’opérations, le matériel roulant dans lequel les passagers voyageront, entre autres. Des domaines où notre expertise est déjà reconnue.
Alors que le gouvernement fédéral s’apprête à investir des sommes sans précédent dans un projet d’infrastructure, mettons à profit nos travailleurs et nos entreprises. Assurons-nous qu’un maximum de produits fabriqués ici soit utilisé dans sa construction.
C’est plus qu’un choix gagnant pour une infrastructure de qualité, c’est surtout une solution concrète pour soutenir de nombreuses entreprises à faire face aux difficultés actuelles et à venir et ainsi passer à travers la tempête économique et politique actuelle.
L’heure des choix stratégiques
Tous les gouvernements font ponctuellement des professions de foi face à l’achat de produits fabriqués ici. Les dernières semaines nous ont rappelé l’importance de passer de la parole aux actes.
Alto pourrait certainement devenir la référence en termes d’utilisation des produits fabriqués ici. Mais d’autres grands chantiers publics d’infrastructures seront également lancés dans les prochaines années. Pensons au plan d’ajout de puissance d’Hydro-Québec (tant des centrales hydroélectriques que des parcs éoliens), aux grands projets hospitaliers et de maisons des aînés, ou encore aux investissements promis dans le secteur de la défense.
Favoriser les produits fabriqués ici dans les appels d’offres publics est nécessaire pour assurer l’avenir de notre secteur manufacturier. Les entreprises veulent produire plus et mieux, et sont prêtes à contribuer à la réduction de la dépendance aux États-Unis.
Nos gouvernements doivent maintenant changer leurs façons de faire. C’est dans l’unisson entre leurs décisions et les besoins de notre secteur manufacturier que se jouera la partition de notre avenir économique.
