Lettres ouvertes
La pénurie de main-d’œuvre et la formation doivent redevenir des priorités du gouvernement fédéral
16 juin 2024
Contexte
145 millions de dollars.
C’est le montant dont devront se passer chaque année les chercheurs d’emplois, les travailleurs qui veulent développer de nouvelles compétences, les entreprises qui souhaitent améliorer leur productivité et les organismes spécialisés en employabilité en raison d’une coupure sans aucune justification du gouvernement fédéral.
Malgré de nombreuses représentations politiques du gouvernement du Québec et des partenaires du marché du travail au cours de la dernière année, le gouvernement canadien a, en effet, choisi de sabrer 625 millions de dollars à l’échelle pancanadienne dans son dernier budget, dont 145 M$ au Québec.
Cette somme, qui représente 16 % des transferts fédéraux en main-d’œuvre au Québec, sert à financer notamment l’intégration en emploi – par exemple pour les personnes handicapées et les jeunes, la formation des chômeurs et des travailleurs en entreprise, ainsi que les services offerts par les organismes spécialisés en employabilité qui permettent au plus grand nombre possible de Québécoises et de Québécois de participer au marché du travail.
Cette décision est incompréhensible et difficile à justifier, particulièrement dans le contexte où 70 % des investissements fédéraux en main-d’œuvre proviennent de la caisse d’assurance- emploi financée par les travailleurs et les employeurs. Les coupures drastiques démontrent que, pour le gouvernement fédéral, la pénurie de main-d’œuvre et la productivité des entreprises au Québec comme ailleurs au Canada ne sont pas des priorités.
Si le gouvernement fédéral ne fait pas rapidement marche arrière, les conséquences seront bien réelles pour les Québécoises et Québécois qui ont besoin des services publics d’emplois, en particulier pour les personnes les plus vulnérables. Nous aurons moins de moyens pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre qui touche tous les secteurs et, surtout, toutes les régions. Le gouvernement fédéral sera responsable de la diminution des ressources pour l’amélioration de la productivité des travailleurs et des entreprises, un enjeu de taille pour le Québec et le Canada.
Heureusement, il n’est pas trop tard. Lundi prochain, l’ensemble des ministres de l’Emploi du Canada se rencontreront en présence du ministre Boissonnault. Ce sera l’occasion pour lui d’assumer ses responsabilités et de faire la seule chose qui s’impose : confirmer que de sabrer 145 millions de dollars en main-d’œuvre au Québec et 625 millions partout au Canada était une erreur, et reculer sur cette décision.
Monsieur le ministre, la balle est dans votre camps.
Collectif de signataires :
Kateri Champagne Jourdain, Ministre de l’Emploi et ministre responsable de la région de la Côte-Nord
Jean Lortie, Président, Commission des partenaires du marché du travail
Karl Blackburn, Président et chef de la direction Conseil du patronat du Québec
Véronique Proulx, Présidente-directrice générale Manufacturiers et Exportateurs du Québec
Pierre Graff, Président-directeur général, Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec
Denis Bolduc, Secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
Nathalie Arguin, Secrétaire générale Confédération des syndicats nationaux
Luc Vachon, Président, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Eric Gingras, Président, Centrale des syndicats du Québec
Anouk Collet, Conseillère principale au président national TUAC Canada
Caroline Dupré, Présidente-directrice générale Fédération des centres de services scolaires du Québec
Bernard Tremblay, Président-directeur général Fédération des cégeps
Christian Blanchette, Recteur Université du Québec à Trois-Rivières, Représentant du Bureau de coopération interuniversitaire
Richard Gravel, Directeur général, Collectif des entreprises d’insertion du Québec
Coalition des organismes communautaires pour le développement de la main-d’œuvre
Martine Roy, Directrice générale Carrefour Jeunesse-Emploi comtés Iberville/St-Jean, Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec
Valérie Roy, Directrice générale, AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi
