Lettres ouvertes

Avoir l’ambition d’un grand chantier économique

11 septembre 2023

Nous souhaitons tous un système de santé efficace, un réseau d’éducation performant et des infrastructures de qualité. Pour y arriver, un pas de côté s’impose. Il est essentiel de revenir à la base. Nos services publics reposent sur notre capacité à créer de la richesse pour les soutenir. Historiquement, cela s’est érigé sur la vigueur de notre économie et de notre secteur industriel.

Or, le socle sur lequel repose ce pilier stratégique n’est actuellement pas valorisé à son plein potentiel. Nos entreprises doivent aujourd’hui refuser des contrats faute de main-d’œuvre et des projets industriels ne verront jamais le jour en raison de la rareté des mégawatts disponibles. Une approche à la pièce ne pourra pas résoudre l’ensemble des problèmes.

Faire de l’économie une priorité nationale

C’est un énorme chantier que celui de l’économie. Il demande une action concertée, cohérente et structurante. Et, surtout, une vision globale.

En cette rentrée parlementaire à Québec, nous exprimons le souhait que tous les ministères ainsi que tous les élu(e)s à l’Assemblée nationale aspirent à plus grand que soi. Qu’ils s’arriment autour de l’objectif commun d’accroitre notre richesse.

Pour une vision économique cohérente

Investir plus d’un milliard de dollars pour soutenir un créneau porteur comme la filière batterie, c’est spectaculaire et MEQ appuiera évidemment le développement d’une nouvelle grappe industrielle au Québec. Tout comme nous avons applaudis les investissements majeurs au Chantier Davie, véritable fer de lance du secteur maritime québécois.

Mais renforcer les fondations et créer des conditions favorables pour soutenir la production de l’ensemble des entreprises, c’est essentiel et porteur d’un grand potentiel d’enrichissement collectif.

Des consultations sur l’immigration et l’avenir énergétique constituent des pas dans la bonne direction. Le gouvernement a le mérite de poser les questions pertinentes – et difficile – pour l’avenir du Québec. La potentielle grève au Port de Montréal au début de 2024 s’inscrira aussi rapidement dans l’actualité.

Derrière ces grands débats, persiste un enjeu de tous les jours, à savoir la recherche de cohérence au sein des différentes branches gouvernementales.

Par exemple, en ce moment, le secteur manufacturier ne fait pas partie des priorités du Plan d’action sur la main-d’œuvre. Pourtant, ce même secteur manufacturier est au cœur des priorités d’Investissement Québec. Inexplicable.

Qui travaillera dans les usines qui sont pourtant soutenues par des aides gouvernementales importantes?

Pourquoi les métiers manufacturiers les plus demandés ne sont-ils pas priorisés? Pourquoi plusieurs entreprises se font refuser des aides en matière de formation de la main d’œuvre en lien avec la modernisation des activités et du virage technologiques essentiels à notre productivité? Le Québec accuse un retard de plus en plus visible en la matière comme l’a démontré un sondage effectué en collaboration avec Desjardins au début de l’été.

Ces enjeux ne feront pas nécessairement des feux d’artifices, mais dicteront néanmoins notre capacité à faire plus, à faire mieux collectivement.

Et c’est sans oublier la question de l’énergie qui demeure centrale pour encourager l’investissement au Québec de même que la création d’un contexte fiscal stimulant pour les entreprises, l’innovation et la recherche et développement.

Comme on dit, tout est dans tout.

L’affaire de tous

Pour assurer un filet social, nous ne pouvons ni ne devons faire abstraction du nécessaire resserrement des mailles du tissu économique et industriel.

Le Québec fait maintenant face à des choix stratégiques. Un Québec plus prospère que ses voisins directs, c’est possible. Si le Québec est maintenant maitre chez nous, nous devons maintenant devenir meilleurs.

De l’ambition et de la fierté, c’est ce que nous attendons de tous nos élus.

Véronique Proulx
Présidente-directrice générale
Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)