Lettres ouvertes
Tempête tarifaire – Le soutien aux transformateurs d’aluminium, une nécessité
23 juin 2025
Contexte
Les tarifs douaniers redoutés depuis l’arrivée du président Trump ne se sont pas révélés aussi généralisés que prévu. De nombreuses entreprises y ont échappé, et c’est une bonne nouvelle. Toutefois, certaines sont durement touchés.
C’est notamment le cas de l’aluminium, qui subit des droits à l’exportation de 50 %, ainsi que des mesures de représailles sur de nombreux produits importés. La pression est donc bien réelle et persistante.
Nous espérions que la récente rencontre du G7 ouvrirait la voie à une entente avec les États-Unis pour offrir un peu d’oxygène aux entreprises du secteur. Mais l’attente continue. Et plus les délais s’allongent, plus il devient urgent de s’attarder à ceux qui paient le prix de cette guerre commerciale.
La transformation : au cœur de notre tissu industriel
L’aluminium est l’un des fleurons industriels du Québec. Si nos huit alumineries attirent l’attention, il ne faut pas négliger tout l’écosystème de la transformation du métal, souvent plus discret, mais tout aussi vital.
Plus de 1700 entreprises réparties dans toutes les régions du Québec, employant plus de 30 000 personnes, transforment l’aluminium pour des secteurs comme le transport, la construction, les infrastructures et l’aérospatiale. Aujourd’hui, ces entreprises sont en première ligne de la tempête.
Depuis des mois, elles doivent absorber une hausse drastique de leurs coûts d’approvisionnement.
Ce ne sont pas que des chiffres dans un tableau comptable : ce sont des PME en difficulté, des projets en veilleuse, des emplois menacés, et un pan entier de notre industrie mis sous pression.
L’effet domino se fait déjà sentir : perte de clients, compression des marges, recul des investissements. Plusieurs entreprises se retrouvent dans une situation critique, et leur survie est en jeu.
Il est temps d’agir maintenant
Les témoignages d’entrepreneurs à bout de souffle ne font plus exception, ils sont une réalité quotidienne. Les gouvernements ne peuvent plus ignorer la situation : ils doivent passer à l’action.
À court terme, cela signifie d’adapter rapidement les mécanismes de soutien pour alléger la pression sur les liquidités des transformateurs, majoritairement des PME.
Le gouvernement fédéral doit aussi s’assurer de rendre rapidement disponibles les sommes perçues grâce aux mesures de représailles et les redistribuer aux entreprises touchées.
Il faut aussi mettre en place des moratoires de remboursement sur les prêts qui ont servi à investir dans des équipements qui sont actuellement dormants par manque de volume.
Enlever les barrières sur les travailleurs étrangers temporaires pour assurer la pleine capacité de production de nos entreprises doit aussi faire partie des solutions. Ces travailleurs ont été formés aux métiers spécifiques de cette industrie, et perdre ces travailleurs, c’est perdre une partie de notre savoir-faire. Cela ajoute un enjeu additionnel à une situation déjà assez difficile pour nos entreprises.
Nous ne pouvons pas encore attendre six mois, un an pour de l’aide directe : il sera trop tard pour plusieurs.
À moyen et long terme, il faut soutenir l’investissement dans la productivité des deuxième et troisième transformations ainsi que pour l’innovation. Les grands projets, notamment d’infrastructures publiques et de défense, peuvent être des opportunités, à condition que les marchés publics soient réellement ouverts à nos entreprises.
Le Québec est un chef de file mondial dans le domaine de l’aluminium. Mais encore faut-il que les entreprises qui le façonnent puissent survivre à cette tempête. Fermer les yeux sur les signaux d’alarme serait une erreur stratégique.
Il est de notre responsabilité collective de ne pas laisser nos transformateurs seuls face à des politiques commerciales qui les dépassent, mais qui les frappent de plein fouet.
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