Lettres ouvertes

Les besoins en biens et produits ne prennent pas de pause

Le niveau d’emploi dans le secteur manufacturier québécois en novembre 2020 est à 96,3% de ce qu’il était en février dernier, selon les données de Statistique Canada. Nos entreprises manufacturières roulent à plein régime et sont même toujours en rattrapage en raison de l’arrêt forcé décrété pour plusieurs d’entre elles au début de la pandémie au printemps dernier. Les carnets de commandes sont remplis, les échéances de livraisons sont serrées. Et les tablettes de nos magasins doivent être garnies.

Les scénarios de « mise en pause » évoqués depuis quelques jours amènent donc un lot important d’incertitude. Nos 23 000 entreprises manufacturières qui emploient directement près d’un demi-million de personnes sont préoccupées à l’idée d’un nouvel arrêt qui pourrait entraîner des conséquences irréversibles pour l’industrie manufacturière.

Car pour fabriquer des biens et produits, les travailleurs doivent être sur place. Bien sûr, les employés de bureau peuvent travailler de la maison, mais les employés de production et ceux qui œuvrent en recherche et développement doivent se rendre dans l’entreprise.

Et on ne met pas une entreprise manufacturière en pause si facilement. Il faut considérer toute la chaine d’approvisionnement, il ne faut pas créer de rupture. Les impacts d’une fermeture même brève ou d’un ralentissement dans une usine se répercutent nécessairement ailleurs, de façon exponentielle.

Des conséquences dramatiques sur notre économie

L’arrêt forcé du printemps dernier a été très difficile pour notre industrie, surtout dans un contexte où nos concurrents, nos clients et nos fournisseurs hors Québec n’ont jamais arrêté d’opérer. Certaines chaînes d’approvisionnement et logistiques ont été passablement perturbées, ce qui a eu un impact sur l’ensemble de l’économie. Rappelons qu’en mars et avril dernier, les ventes manufacturières au Québec ont chuté de 28,5% ce qui représente près de 4 milliards de dollars.

Au cours des deux mêmes mois, l’emploi manufacturier a chuté de 23 % alors que 115 000 travailleurs ont été mis à pied. Les entreprises ont fait des pieds et des mains pour que ces travailleurs reviennent dans le secteur manufacturier. Elles ne peuvent pas se permettre de perdre ces talents à nouveau.

Une incertitude à dissiper

Nos membres sont conscients des impacts de la pandémie et mettent en place les mesures requises dans le respect des normes les plus élevées. Comme plusieurs, nous sommes aussi préoccupés par un possible relâchement et nous sommes engagés à resserrer encore davantage la vigilance.

Il devient toutefois difficile de planifier et de maintenir des relations de travail saines avec un spectre de fermeture planant sur notre industrie.
Nous demandons donc au gouvernement Legault de clairement manifester son intention de maintenir les activités de l’ensemble des entreprises manufacturières.

Un nouvel arrêt des activités manufacturières québécoises viendrait encore fragiliser une industrie, mais aussi une économie déjà sous pression.
Il est juste de favoriser l’achat local, mais encore faut-il s’assurer que soit maintenue la fabrication locale.

Véronique Proulx
Présidente-directrice générale
MEQ