Lettres ouvertes
Le gaz naturel renouvelable : concilier environnement et économie
Montréal, le 29 janvier 2020
Les changements climatiques dont nous subissons les impacts demandent une réponse forte. Nos organisations sont proactives afin de trouver des solutions durables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec, tout en assurant la prospérité collective. Une énergie méconnue, le gaz naturel renouvelable, nous offre cette opportunité.
Au cours des prochaines semaines, le gouvernement dévoilera son Plan d’électrification et de changements climatiques (PECC). À l’instar de ce qu’affirmait le ministre de l’Environnement, il s’agit pour nous de doter le Québec « d’un plan qui créera de la richesse tout en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre. »
Sur le plan énergétique, le Québec jouit d’une situation pour laquelle plusieurs l’envient, notamment pour son extraordinaire potentiel hydroélectrique. Nous croyons que le Québec doit continuer de miser sur la production d’énergies renouvelables, qui contribuent à la richesse collective.
C’est la complémentarité des énergies qui permettra au Québec d’atteindre ses cibles de réduction des GES. L’électricité est bien entendu au cœur de cette transition, mais elle ne peut pas répondre à l’ensemble des besoins énergétiques. Les grands bâtiments et le secteur industriel, par exemple, auront encore besoin d’énergie thermique pour assurer leur bon fonctionnement.
C’est pourquoi nous croyons que le gaz naturel renouvelable (GNR) peut aider le Québec à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de GES à l’horizon 2030.
Valoriser nos déchets pour en faire une énergie carboneutre
Donnons l’exemple d’une nouvelle coopérative agricole, lancée récemment à Warwick, dans le Centre-du-Québec. Une dizaine de producteurs agricoles créeront pour la première fois de l’énergie renouvelable à partir du fumier et du lisier. Ce projet novateur, appelé à se répliquer, réduira les émissions de GES liées au secteur agricole et contribuera à la richesse de nos régions.
Le GNR est produit à partir de matières organiques résiduelles (résidus alimentaires, boues d’épuration des eaux usées et résidus générés par les activités agroalimentaires). Cette forme de production énergétique permet de valoriser des matières jusqu’à présent difficiles à gérer, évite l’émission de gaz à effet de serre, assure un développement économique local et donne accès à une énergie produite au Québec.
Le Québec possède un vaste potentiel de production de GNR à un prix très concurrentiel. Les technologies de production sont connues et matures. La production de GNR connaît déjà une forte croissance en Europe. À titre d’exemple, les projets de production de GNR ont triplé en seulement trois ans au Royaume-Uni!
Rassembleur et mobilisateur
Au-delà de ses avantages environnementaux, la production de GNR s’inscrit dans la logique de l’économie circulaire. Elle vise l’optimisation des ressources que nous utilisons tout au long de leur vie.
Pour les investissements qu’elle induit et les emplois qu’elle est susceptible de générer, la production de GNR représente un moteur de développement économique pour les régions du Québec. Plus que jamais, la lutte aux changements climatiques peut être source de croissance économique.
Créer une nouvelle filière énergétique de ce type est porteur d’avenir mais pas nécessairement simple. Pour faciliter la mise en œuvre des projets qui traceront la voie au développement de celle-ci, un soutien gouvernemental est essentiel.
Si le Québec conjugue son potentiel hydroélectrique avec le potentiel du GNR et d’autres sources d’énergie, il sera un modèle de développement durable et d’économie circulaire.
Le dévoilement du PECC est une occasion pour le gouvernement de confirmer son intérêt à soutenir la production de GNR et d’envoyer un signal clair en faveur du développement de la filière. À cet égard, le gouvernement peut compter sur un ensemble d’acteurs déjà mobilisés et impatients de voir cette filière énergétique se développer à grande échelle.