Budget du Québec: le moteur économique manufacturier a besoin d'air — MEC

Lettres ouvertes

Budget du Québec: le moteur économique manufacturier a besoin d’air

16 mars 2023

Il pourrait être tentant de croire que tout va bien dans le secteur manufacturier. Après tout, il est le plus grand contributeur au PIB québécois et représente plus de 85 % de nos exportations. Un demi-million de personnes y travaillent dans l’ensemble de nos régions.

Dans les faits, les manufacturiers n’ont jamais été sous aussi forte pression.

Les derniers mois ont été marqués par une forte hausse de l’inflation. Cette situation a fait gonfler les coûts d’emprunts des entreprises, mais aussi les salaires, le transport et les matières premières. Les chaînes d’approvisionnement sont aussi grandement fragilisées par le contexte géopolitique mondial, notamment la guerre en Ukraine. Et l’adoption aux États-Unis de l’Inflation Reduction Act rend la concurrence encore plus féroce.

À cela s’ajoute le manque de travailleurs alors qu’à elles seules les entreprises manufacturières affichent 30 000 postes vacants.

Oui, le secteur manufacturier est un réel moteur de développement économique, mais il doit être alimenté.

Des mesures spécifiques attendues

Des solutions existent. Dans son budget du 21 mars prochain, le gouvernement doit d’abord miser sur l’innovation et la hausse de la productivité du secteur manufacturier.

Concrètement, il faut rehausser les taux des crédits d’impôt à la recherche et au développement, mieux soutenir l’accompagnement aux PME et leur faire découvrir et adopter de nouvelles technologies. Nous croyons aussi important de soutenir les grandes entreprises dans leurs projets visant à augmenter leur production à l’aide de mesures clés comme le programme d’aide à l’investissement pour les consommateurs d’électricité au tarif L.

En accélérant l’intégration de nouvelles technologies, non seulement la productivité sera haussée, mais cela permettra de réduire du même coup l’empreinte environnementale et d’atténuer certains impacts de la pénurie de main-d’œuvre.

C’est gagnant-gagnant.

Dans un deuxième temps, le gouvernement doit reconnaître l’enjeu criant de main-d’œuvre dans le manufacturier. Car en ce moment, même si le manufacturier est une priorité pour le ministère de l’Économie et dans le déploiement du plan économique du gouvernement, les politiques publiques ne suivent pas. Les autres ministères, comme ceux de l’Emploi et de l’Immigration, doivent aussi prioriser le secteur manufacturier dans la mise en place des programmes, des mesures et des initiatives.

Enfin, l’immigration demeure un incontournable pour soutenir le secteur. Le gouvernement doit consentir à une hausse des seuils d’immigration. À plus court terme, d’autres mesures sont possibles comme la réduction de traitement des demandes ou la mise en place une voie d’accès prioritaire vers l’immigration permanente pour les travailleurs étrangers temporaires déjà en emploi.

Un investissement payant pour le Québec

Les entreprises manufacturières contribuent déjà grandement à la réalisation du plan économique du gouvernement. Ce sera par elles que le rattrapage en matière de productivité avec l’Ontario, la hausse des exportations pour que leur valeur atteigne 50 % du PIB, la réduction des GES, ou encore l’augmentation des investissements directs étrangers pourront se réaliser. Ce sont également elles qui soutiendront notre économie en période de ralentissement.

Le contexte actuel fait toutefois en sorte que plusieurs manufacturiers hésitent à déployer de nouveaux projets d’investissement. Le budget est l’occasion de leur envoyer un signal fort que le gouvernement sera là pour les appuyer.

Monsieur Girard, il faut aider les manufacturiers à aider le Québec.

Véronique Proulx
Présidente-directrice générale
Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ)